Y’a déjà un an que j’ai annoncé l’amorce d’un nouveau projet: « LOBBY : Creuse ton trou », un mélange de fiction noir et de roman nordique. Pensons Twin Peaks avec des compagnies pétrolières, un petit village perdu dans le nulle part du Nord et des lobbyistes armés d’automatiques. Mais en meilleur que ça, évidement.
Alors où c’est rendu? Je suis à moins de 10 000 mots du premier jet (sur un estimé de 45 000 mots). Pas vargeux comme progrès pour un an de temps. Il est arrivé plusieurs choses entretemps. D’abord, le fait est qu’à l’été dernier (2014) j’ai effectivement réussi à avancer grassement jusqu’à frapper un mur littéraire, genre de chose qui arrive même quand le concept est nickel (nickel, mine? patoum-tsisch!). Je veux pas que ça soit juste « correct », je veux que ça torche. Toujours est-il qu’à peine après avoir retravaillé l’arche narrative et le niveau de langue avec succès (merci Joël!), je me suis retrouvé à enseigner la géographie au cégep en plus de travailler à temps plein le jour, résultant en un pas-de-vie pour moi, du genre 50-60 heures de travail semaine, six jours sur sept quand tout allait bien, surdose d’ordinateur, blergh. Mon visage commençait à apparaître sur les pintes de lait et j’ai dû me calmer le toupet. Façon de parler. Parce que j’ai pas de toupet.
Entretemps, il est aussi arrivé le mindfuck monumental de la réforme de la Loi sur le lobbyisme du Québec, visant à faire de moi, travailleur d’organisme communautaire écologiste, un vrai de vrai lobbyiste de marde. Sous peine d’amende. Je me suis retrouvé, dans le cadre de mes fonctions, à mobiliser contre cette réforme à la con pour empêcher, entre autres, que les 80 groupes écologistes québécois que je représente au RQGE soient forcés de s’inscrire au registre. On parle de groupes communautaires sans une cenne qui se battent pour les plus vulnérables, les droits humains, les espèces en voie de disparition. Bref, novlangue totale, ils veulent changer la définition pour que le mot veuille dire autre chose, essayer de noyer la critique dans le nombre. Parce que tout le monde haïs les lobbyistes, et pour cause, ils tuent les démocraties. Oui, cette réforme est une marre profonde de pas drôle et l’ironie que j’étais déjà en train d’écrire un roman pour critiquer le lobbyisme au Québec en même temps m’a donné toute une crampe de cerveau. Urgh.
Enfin, nous voilà maintenant à l’été 2015 et je poursuis le premier jet de LOBBY: Creuse ton trou avec une tasse de café dans une main, une pelle dans l’autre… puis je tape avec mon nez. Et je m’amuse. Un chapitre par jour et c’est encourageant! Avec un peu de chance et beaucoup de viennoiseries, le premier jet sera fini d’ici septembre et après c’est un an de « production limbo », au mieux un an, et au pire j’aime mieux pas y penser. Je croise les doigts qu’une maison d’édition ou deux aie envie de parler de ce genre de chose. Quelque chose me dit que oui. Faut juste que j’arrête d’écrire « chose » à toutes les phrases. Genre.
Enfin (pour vrai), c’est un projet qui m’est particulièrement cher, ça me tire les cordes du cœur dans tous les sens et je pense que ça fait du bien d’écrire quelque chose de plus intime : une proximité humaine, une proximité territoriale. Je suis un fucking géographe et je vais parler du Québec profond, tiens, du Nord qu’on a oublié, du monde qui se font arnaquer par les faiseux de trous et des grands-parleurs… et qu’est-ce qui arrive quand on pousse les gens à bout.
I dig my hole, you build a wall
I dig my hole, you build a wall
Someday that wall is gonna fall