Interviewé par Nadia Gosselin dans le Pigeon Décoiffé aux côtés de mes collègues de Guy Saint-Jean Éditeur:
« Les romans érotiques, en tant que produits de l’industrie de la culture, sont nécessairement « encrés » dans un contexte social, politique, culturel. En tant qu’écrivain de littérature érotique, je perçois plusieurs défis. Premier défi, l’éléphant dans la pièce: c’est Cinquante nuances de Grey et sa légion d’émules. Par son succès monstre, sa médiocrité et ses valeurs antiféministes, cette série a réussi, simultanément, à mettre en lumière le genre et à l’occulter presque complètement. Aujourd’hui, les auteurs-es de romans érotiques du Québec sont encore dans les limbes. D’un côté, les chroniques littéraires nous ignorent et l’académie nous snobe, mais à l’inverse, les boutiques érotiques ne veulent pas non plus nous distribuer. Reste donc à surpasser le tabou, la censure, briser le moule du « patriarche-milliardaire-avec-une-nunuche-sans-personnalité » pour prendre une place – progressiste – dans la société. Le deuxième défi, c’est justement le contenu! La littérature érotique a l’avantage de pouvoir explorer pleinement l’imaginaire du désir humain. Conséquemment, notre genre a intérêt à creuser davantage le fossé avec les représentations sexuelles traditionnelles (c.-à-d. porno mainstream sexiste) pour en constituer une alternative mêlant le respect, le plaisir et la réalisation de soi. Concrètement, ça implique de déconstruire un peu les stéréotypes (ex. le pompier, l’infirmière) et faire une place à la diversité sexuelle, par exemple en incluant la communauté LGBT. C’est tout un pari, mais sommes nombreux-ses à vouloir le relever! »