24k mots et une comédie d’horreur sans nom

Je profite de l’accalmie du temps des fêtes pour une mise à jour sur le prochain roman, nom de travail… il n’y a pas de nom de travail.

J’ai pensé à URGH parce que c’est le son que je fais chaque fois que je pense aux thèmes du projet: l’hyperréalité (l’incapacité à distinguer le réel et la simulation technologique du réel), la (ma) génération Y, la recrudescence du fascisme dans les sociétés industrielles, le mensonge du capitalisme que les individus « positifs » et « motivés » peuvent réussir peu importe les inégalités structurelles, tout ce biais du survivant qui occulte les inégalités systémiques et les crises environnementales et, et…

L’horreur, en fait. L’horreur normal du quotidien, dans chaque mauvaise nouvelle. Trump est élu? Ah bon. Post-vérité? Ouais, c’est un mot. La Meute organise une nouvelle manif? Super. Et les coupures dans l’assistance sociale? La CAQ en avance dans les sondages?

Comique, finalement, puisqu’après avoir pleuré on finit par en rire. Tout ça est tellement absurde. Et la vie si courte. Il faut s’en moquer tragiquement, comme disait Cioran. Mais écrire l’humour est toujours plus difficile que le drame, d’où le retard que j’ai pris sur la rédaction.

Mais me voilà encore à parler des thèmes avant de parler de l’histoire. Pour ce roman, je tente plusieurs choses. On centre sur trois personnages, et j’y vais dans les stéréotypes: Marcus, un acteur douchebag, Gaspard, un graphiste geek et Océane, une psychothérapeute hipster. Ils veulent être positifs et sont au yoga et s’entraînent et vont dans les spectacles, ils font tout ce qu’il faut alors où est le succès, l’argent, la célébrité? Toutefois, pendant ce temps-là, le monde s’effondre et la société se déchire et l’économie est dans les chiottes et la ville toute entière gronde.

Mais voilà, les vrais personnages ne sont pas ces trois, c’est tout ce qui arrive autour, dans le décor, dans les foules, dans la rue. Ces trois milléniaux sont plutôt le décor, puisque partout où on va, dans les cafés ou les shows, ou à la télé, ce sont eux, c’est leur monde, avec leurs sourires et leur vacuité. Ce que j’écris, c’est ce moment où la réalité rencontre enfin les sujets perdus dans l’hyperréalité, le tsunami qui s’effondre sur un téléphone cellulaire.

Bref, une comédie d’horreur, la fin de la société industrielle avec un rire et un bang. Déjà un an à plancher ce manuscrit et 24 000 mots plus tard, plus ou moins à mi-chemin, mais l’ambition frappe un mur: écrire sur la période dans laquelle on vit pose le risque, en fait l’éventualité d’être dépassé par les événements. Je veux tout dire et c’est impossible. Alors j’ai dû passer les trois derniers mois à réécrire. Urgh.

Wow! Quelle description décousue. Mais bref, ça avance, c’est ce qui compte. En attendant, il y a Les bonnes personnes, ma première expérience pour me pratique en vue du présent projet. You get the idea.